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Photo du rédacteurJanick Laberge

Les personnages secondaires, des acteurs essentiels.

Bien que le héros soit le personnage central de toute bonne histoire, les personnages secondaires ne doivent jamais être négligés. Ils sont là pour faire briller le héros, directement ou indirectement. Par contrastes. Il n'y a que l'ombre pour bien faire ressortir la lumière. Donc, l'un des personnages les plus importants à créer après le héros est précisément son antagoniste. À qui notre héros devra-t-il faire face? Quel ennemi devra-t-il combattre? Au sens propre comme au sens figuré. Ainsi, un antagoniste n'est pas nécessairement toujours une personne. Il pourrait bien s'agir d'un groupe de personnes, comme une organisation secrète par exemple. Mais même au sein d'une organisation obscure, il existe souvent un leader que notre héros devra affronter d'une manière plus particulière. De plus, l'antagoniste pourrait tout aussi bien être, un animal, voire même une chose ou encore une dimension insoupçonnée de la personnalité du héros. Un antagoniste interne en quelque sorte. Personnellement, j'aime bien jouer avec ces deux dimensions. Dans mon roman « Le génome » par exemple, il y a en d’une certaine manière deux antagonistes (l'un externe, mais l'autre interne), et même plus de deux antagonistes...

Quelles sont donc les qualités d'un bon antagoniste? Alfred Hitchcock disait : « meilleur est le méchant, meilleur est le film ». Il en est un peu de même avec les livres. Pour ma part, je crois que le héros et l'antagoniste doivent être de forces à peu près égales, pour créer un véritable effet de dualité. Si vous avez dès le départ un héros hyperpuissant qui détruit tout sur son passage et un antagoniste insuffisamment fort pour s'attaquer à lui, ou elle, le lecteur risque de perdre tout intérêt. Comme dans la vie, il faut bûcher pour avoir ce que l'on souhaite obtenir. Le lecteur a dû lutter et se battre contre ses propres antagonistes, ses propres limites, il faudra que notre héros se mette les tripes sur la table, qu'il aille jusqu'au bout de ses forces et pour cela ça lui prend un ennemi de taille. On a souvent l'impression qu'un antagoniste agit comme un mur infranchissable de prime abord. Et le héros doit trouver la faille pour en avoir raison, pour faire tomber ou trouver le moyen d'escalader le mur.

Au fond, le héros et l'antagoniste peuvent avoir certaines qualités qui se ressemblent, être intelligents, inventifs et astucieux par exemple, mais dans des registres tout à fait opposés, ayant des impacts émotionnels complètement différents chez le lecteur. L'antagoniste suscite normalement le dégoût, la peur, l'indignation, voire la rage. Mais l'antagoniste doit être un personnage qu'on adore détester. Il est un peu le piment de la sauce. Sans lui, l'histoire manquerait de saveur. Et par-dessus tout, l'antagoniste se doit d'avoir une certaine crédibilité auprès du lecteur, car dans sa logique à lui ce personnage se sent justifier d'agir comme il le fait et le lecteur doit y croire. C'est donc la dualité entre les deux personnages principaux qui est intéressante à créer pour que le lecteur embarque dans l'histoire. Un lien fort existe donc très souvent entre les deux. Rappelons-nous la baguette de Harry Potter qui était fabriquée avec les mêmes matériaux que celle de Voldemort. Des baquettes jumelles, pour les deux ennemis jurés. Et il existait beaucoup d'autres similitudes entre les deux antagonistes parmi les plus célèbres de leur génération. Les éléments de parentés entre deux oppositions apparentes m'interpellent particulièrement.


Parlons un peu de quelques autres personnages qui m'intéressent de façon particulière. J'appellerai un de ceux-là, le transfuge. Il s'agit de celui ou celle qui change de camp au cours de l'aventure. Dans un sens ou dans l'autre. Le bon ami du héros qui n'est peut-être pas si bon que ça, ou l'inverse, un acolyte de l'antagoniste qui devient un fidèle disciple de notre protagoniste. Accès de bonne conscience? L'histoire le dira. Ce n'est peut-être pas toujours aussi blanc ou noir, mais les personnages les plus difficiles à cerner, dont on doute de l'allégeance, attirent souvent l'attention du lecteur, car il est très facile de s'identifier à eux. Qui n'a jamais trahi son propre camp? Son employeur, son groupe de pairs, même sa famille? Le lecteur pourra ne pas être d'accord avec lui et même le haïr, mais encore une fois s'il comprend les motivations du personnage, il aura souvent du mal à le juger. Hilda dans « Le génome » est un exemple de transfuge, et il y en a quelques autres. Je vous laisse le soin de les découvrir.

Le transfuge est un personnage caméléon qui deviendra parfois un véritable allié et même un vigoureux combattant aux côtés du héros. Évidemment, le combat de ce dernier peut tout aussi être bien au sens figuré. Une lutte contre lui-même en quelque sorte.


Ainsi, j’affectionne beaucoup un autre personnage de la plus haute importance: l'allié. Nul n'est complet par lui-même et le héros ne fait pas exception, aussi extraordinaire soit-il ou elle. Tôt ou tard, ce dernier aura besoin de fidèles compagnons pour le supporter et l'assister dans l'aventure. Que ce soit un confident, un associé, un compagnon d'armes, un instructeur d'une nouvelle habileté nécessaire pour lutter contre l'antagoniste. L'allié est là pour faire briller le héros, pour l'assister sur le chemin, pour le réconforter au besoin. L'allié aide le lecteur à se sentir plus proche du héros. Il pourra donc se dire: "Oui, il est imparfait comme moi et il a besoin des autres". J'adore les alliés. Ils humanisent le héros et l'aident à devenir plus fort pour affronter son ou ses objectifs. Il peut s’agir également de l’amoureux ou de l’amoureuse qui se tient, pas trop loin dans l’ombre du héros. Évidemment, les alliés peuvent et vont changer, évoluer, au cours du récit, mais ils sont d'une utilité indéniable pour rendre plus crédible le parcours du héros. Il ne faut pas négliger non plus, les alliés de l'antagoniste qui ont un peu les mêmes fonctions. Rien de plus détestable qu'un antagoniste grandiloquent qui n'écoute personne et n'accepte aucune opinion contraire à la sienne, mais c'est un peu son rôle aussi de se rendre déplaisant. Il peut être quand même assez habile de l'entourer de serviteurs, subalternes ou associés qui pourront parfois prendre des places inattendues dans l'histoire.


Un autre personnage central des histoires: le guide. Il s'agit souvent de celui qui va pousser le héros à entrer dans l'aventure, qui va stimuler sa confiance en lui. Paver la voie. Lui ouvrir la route et l'aider à voir sa mission et les enjeux qui en découleront s'il n'accepte pas de la remplir. Le guide possède en général beaucoup d'expérience dans un domaine dont le héros a besoin. Ce dernier l'admire. Il a confiance en lui. Le lecteur se réjouira pour le héros d'être aussi bien accompagné. Le guide pourra aussi le mettre en garde contre des dangers futurs, des pièges à éviter. Par contre, comme l'allié, il n'est pas rare de voir le guide se métamorphoser en transfuge tôt ou tard...

Il y a une foule d'autres personnages secondaires dont je pourrais parler. Encore une fois, mon intention n'est pas de donner un cours de création littéraire ou d’écriture de roman, mais de vous parler de mon processus créatif personnel. En ce sens, je compléterai en vous expliquant la place que j'accorde à la fiche de personnage.

En effet, je crée une fiche descriptive pour pratiquement chacun de mes personnages. Pour moi, il est primordial que je connaisse bien mon personnage pour pouvoir bien le faire connaître au lecteur. J'ai déjà parlé de l'importance de lui donner un nom qui corresponde à sa personnalité, mais pour ce faire il faut donc que je la crée de A à Z cette personnalité. Pour ma part, j'ai décidé d'aller assez loin dans mes fiches descriptives.

Donc, en plus du nom et du prénom, je lui trouverai au besoin un surnom. Je lui donnerai une date et un lieu de naissance et un lieu de résidence actuelle également. Un niveau d'éducation précis. Une profession passée et actuelle. De plus, je le décrirai physiquement le mieux possible pour qu'il corresponde à une image mentale que je me fais de lui ou elle: taille, corpulence, couleur de la peau, couleur des cheveux (naturelle ou non), couleur des yeux, vision (port de lunettes ou lentilles de contact), dominance (gaucher ou droitier), état de santé (des problèmes passés ou présents), signes distinctifs (grain de beauté apparent, cicatrices, taches de rousseur, etc.).

L'aspect extérieur sera tout aussi important: vêtements (style, couleurs, marques...), les accessoires (bijoux...), coiffure, tatouage, piercing, maquillage (style, couleurs...).

Je dois connaître également sa famille d'origine: noms et âges des parents; parents toujours en couple ou divorcés, remariés; profession des parents (à la naissance du personnage et maintenant); noms et âges des frères et sœurs; place du personnage dans la fratrie; quelles sont ses relations avec ses parents? Quelles sont ses relations avec ses frères et sœurs ? J'indique aussi le nom et l'âge du ou de la partenaire; quelles sont ses relations avec son/sa partenaire; noms et âges des enfants; quelles sont ses relations avec ses enfants ? De plus, il faut inclure les autres membres de la famille : grands-parents ou oncle, tante, cousin(e) qui ont une place importante dans le récit. Dans « Le génome », la famille du personnage de Eidah a été décrite en détail, car celle-ci détient une grande importance dans l'histoire.

Pour ma part, je ne m'arrête pas là. Je décris également la vie quotidienne de mon héros: possède-t-il un animal de compagnie? Habitudes quotidiennes : lever et coucher à quelle heure ? Se déplace de quelle façon ? (transports en commun, voiture, vélo...) Type de logement : maison, appartement. Est-il propriétaire, locataire, co-locataire, etc.? Expressions ou mots favoris; habitudes alimentaires; plats et boissons préférés; ce qu’il/elle aime ou déteste dans la vie de tous les jours; sports pratiqués; maîtrise de la technologie : internet, téléphone intelligent…; langues étrangères parlées; son comportement en public : timide, confiant, fanfaron...

Je chercherai aussi à me faire une idée sur ses amitiés, relations professionnelles et ses connaissances. A-t-il un(e) meilleur (e) ami (e)? Ses autres ami(e)s; quelles relations entretient le personnage avec ses ami(e)s; dans le travail (ou à l'école, à l’université...); quelles relations entretient le personnage avec ses collègues, son supérieur hiérarchique, ses collaborateurs? Au quotidien, comment se comporte le personnage avec le boulanger, la pharmacienne du coin, la caissière du supermarché...

Il est bien entendu primordial de s'intéresser à la personnalité de notre personnage. Ses qualités et défauts; incidences de ces qualités et de ces défauts dans sa vie quotidienne/ses relations avec les autres (dans le passé, et présentement); religion, opinion politique, ses désirs profonds, ses succès et ses échecs; ses espoirs et aussi ses peurs.


Bien entendu, plusieurs de ces éléments n'apparaîtront pas directement dans notre histoire. Par contre, dans le comportement de notre personnage, dans sa façon de s'exprimer, c'est toute son histoire qui s'exprime, ses forces et ses faiblesses ressortent, d'où il vient, ce qu'il sera prêt à entreprendre dans l'aventure et les outils qu'il possède au départ pour y arriver. Beaucoup de travail oui, mais un personnage bien construit fera toute la différence. Puisqu'une seule ligne de dialogue suffira parfois pour que le lecteur sache quel niveau d'éducation il a, dans quel genre de milieu il a grandi et quelles sont les grandes lignes de sa personnalité. Personne n'a dit que c'était facile d'écrire des histoires et les personnages sont les acteurs de notre aventure, sans eux il n'y a pas de récit. Alors, prendre le temps de bien les construire et les apprivoiser, en faisant des recherches sur certains aspects de ce qui précède au besoin, cela est primordial pour inventer une belle histoire crédible.








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