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Photo du rédacteurJanick Laberge

1, 2, 3, action...!

Dernière mise à jour : 11 août 2021

Il faut d'abord savoir si on écrit une oeuvre où une action se déroule ou si, au contraire, le public n'a pas à chercher d'action puisqu'il n'y en a pas. Dans une élégie par exemple, ce qui correspond un peu aujourd'hui à "l'éloge" que l'on fait à une personne disparue, il n'y a pas d'action. De même, habituellement, dans une biographie ou dans les oeuvres littéraires qui ne sont que l'expression de certains sentiments ou de certaines idées, l’action y est absente ou très limitée. Dans la poésie, il n'y a pas véritablement d'action, en général. Cependant, les ouvrages narratifs comme le théâtre et les romans, sont des oeuvres où l'action se déroule par le biais de personnages agissants. Je parlerai ici uniquement de l'action des les romans. La nouvelle est en quelque sorte une version abrégée d'un roman, mais plus encore, un genre à part, où l'action doit se dérouler souvent d'une manière encore plus contractée. On peut parfois faire le récit de toute une vie sur une dizaine de pages. Cela demande une vision d'ensemble de la réalité de ce que l'on veut présenter. La concentration de l'histoire renforce parfois l'effet de celle-ci sur le lecteur. J'ai découvert une véritable passion pour ce style lors de l'écriture du tome 1 de mon recueil de nouvelles « Les secrets de l'Institut ». Le tome 2 est d'ailleurs en rédaction en ce moment.


Dans ce blogue, je me contenterai de parler principalement de l'action dans les romans. Comment doit se dérouler l'action dans un roman? Comment choisir le bon niveau d'énergie? Dois-je utiliser beaucoup de personnages et doit-il y avoir beaucoup de dialogues entre eux? Comment organiser mon récit? Autant de questions qu'il faut se poser face au déroulement de l'intrigue.

En effet, il est impensable d'organiser les chapitres, voire les paragraphes, de la même manière, dans un roman où l'action se déroule à un rythme effréné que dans un roman qui demande beaucoup de réflexion, d'introspection, de lenteur. Comment se présentent les personnages? Qui apparaît en premier? Comment le lecteur fera-t-il la connaissance du héros ou de l’héroïne? À quelle fréquence doivent apparaître les personnages secondaires pour que ceux-ci s'imprègnent bien dans l'esprit du lecteur? S'il y a beaucoup de personnages, comme c'est le cas dans mes romans, comment s'assurer que le lecteur ne s'y perde pas? Comment garder son attention et le faire évoluer dans l'histoire en même temps que les personnages?

Pour ma part, j'ai la nette impression que la suite et l'ensemble des événements et des faits que l'on raconte doivent être mis en scène et agencés un peu comme le scénario d'un film. Je vois en quelque sorte des images défiler dans ma tête et ce sont ces images que je décris. Je raconte ce que j'aimerais voir sur un écran.

Personnellement, j'aime beaucoup entrecouper deux ou trois lieux où se déroulent des intrigues en parallèle, mais reliées entre elles et qui forment un tout, quelque part dans le récit. Tout doit être logique et doit posséder une véritable place dans l'intrigue. Il faut que chaque fil soit attaché à la fin. Que les informations dispersées ici et là trouvent une explication dans la tête du lecteur. Les segments sont à la fois indépendants, mais interreliés.

Bien entendu, il existe un schéma narratif tel que défini en linguistique: 1) Décrire la situation initiale 2) Quel est l'élément déclencheur? 3) Comment se déroulent les péripéties? 4) Quel est le dénouement? 5) Quelle est la situation finale? Je traduirais ça par: " Qu'est-ce que le dénouement a apporté au protagoniste principal et souvent à son entourage? Qu'est-ce qui a changé, en lui ou elle, après être passé à travers toute cette histoire?"

S'il est vrai que de suivre un schéma narratif aide à la cohésion et à la compréhension de l'histoire, encore faut-il se donner de la latitude dans l'exécution de celui-ci. Autrement dit, il ne faut pas trop que le lecteur s'en aperçoive, à mon avis. Il ne doit surtout pas avoir l'impression que l'auteur suit un canevas précis. Il doit être surpris. Toujours. L'auteur doit lui donner des pistes à explorer, des hypothèses à élaborer, mais pas une solution toute cuite dans le bec. Alors, de mon côté, j'essaie de suivre une structure, mais mollement. En ce sens, j'utilise des détours, des retours en arrière, des diversions, pour ajouter au suspense, sans pour autant étourdir le lecteur, en gardant en tête le schéma, mais surtout en gardant les yeux sur la ligne d'arrivée. Oui, pour ma part, je commence toujours à écrire mes histoires par la fin... Je dois savoir où je me dirige pour y amener le lecteur, mais lui ne doit pas être au courant. C'est toujours bon de savoir où on s'en va, n'est-ce pas? Du moins d'en avoir une bonne idée. C’est vrai que cette finale constitue parfois, une fausse finale. Je m'explique. Oui, on se dirige là, mais dans le processus d'écriture quelque chose se produit qui amène les personnages encore plus loin que l'objectif de départ. Et c'est tant mieux. C'est la beauté de la création littéraire, et de tout processus créatif d'ailleurs, de dépasser nos idées de départ, d'aller au-delà. Par contre, cela ne se produira pas à tout coup et alors, il faut au moins être arrivé "discrètement" à notre finale établie.

Bien sûr, certains auteurs procèdent d'une manière tout à fait différente et cela peut donner d'excellents résultats. Certains se lancent carrément dans le vide, sans plan précis, dès la première ligne. Le processus me paraît alors plus hasardeux et pourrait peut-être comporter un risque de blocage dans l'intrigue. Lorsque l'on ne sait plus trop où se diriger, quel chemin suivre. Alors comment le lecteur pourra-t-il s’y retrouver? C'est une question de goût aussi. Moi, je préfère connaître la destination avant de partir, pour ne pas me retrouver sur la lune ou dans une autre galaxie...

Plusieurs personnes ont vu circuler mes "teasers" ou "trailers" ou bandes-annonces, si vous voulez (en français). Pour le lancement d'un nouvel ouvrage, j’essaie en effet de créer une image mentale pour le livre, pour le déroulement de l'intrigue, comme on le ferait pour un film. Il ne faut pas oublier que j'ai une formation en arts visuels et que l'aspect visuel de mes livres est très important pour moi. Je trouve que l'on a une meilleure idée ou une idée différente du livre en voyant des images qui le représentent. Et en y ajoutant une trame sonore, une ambiance particulière, qui colle au ton du livre, cela ajoute une autre dimension. Ça me permet d'exploiter une autre facette de la création. La vidéo fait partie intégrante des propositions artistiques dans le domaine des arts visuels depuis plus de 40 ans. Alors, pourquoi ne pas combiner mes deux disciplines de prédilections ? De plus, il est primordial pour moi de m'amuser dans ces deux domaines, qui sont liés de toute façon. La création de vidéos me permet, encore plus concrètement, de "voir" mon livre. Cela me procure un grand bonheur et une grande satisfaction. Je m'amuse en fait et cela est très important pour moi. Lorsqu'on ne s'amuse plus, la passion s'évanouit, la flamme s'éteint et cela n'en vaut peut-être plus la peine, dans une vie si courte...


Et à côté de l'action, il y a évidemment la matière première: la langue, les mots. Le langage est toujours de la plus haute importance, peu importe le type d'ouvrage. Si l'action représente les "membres", la langue représente "le squelette" de l'histoire. L'un ne va pas sans l'autre. Dans un roman d'action, on doit soigner autant la syntaxe, l'orthographe et le choix des mots, que dans un futur prix littéraire. Cependant, les mots ne seront pas du tout employés de la même manière dans l’un ou dans l’autre, et on n'utilisera pas nécessairement les mêmes mots. On écrit pour notre public cible. On écrit pour être lu. Ainsi, le squelette de notre histoire doit pouvoir supporter l'impulsion que l'on veut donner à l'intrigue. Mais l’équilibre entre l’un et l’autre est toujours à rechercher. On doit pouvoir mettre de la chair après l'os, mais un monstre joufflu sans ossature, ne va nulle part. Trop, c’est comme pas assez…


Merci beaucoup de me suivre! Le prochain blogue traitera de l'importance des "sens" dans mon écriture!


Ci-dessous, deux exemples de bande-annonce:





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