Un imminent neuropédiatre, le Dr Verret, avait dit un jour, dans un amphithéâtre de l’école de médecine, que la dyslexie et les autres troubles du langage n’étaient pas des maladies. Lui-même était atteint de dyslexie et cela ne l’avait pas empêché de devenir spécialiste. Ce que le Dr Verret venait de faire, c’était de me redonner ma légitimité, de m’accorder le droit de devenir celle que je voulais être. Je prenais conscience qu’un jour, avec beaucoup de travail, à force d'acharnement, je pourrais non seulement devenir médecin, mais peut-être libérer mes mots.
En publiant mes livres, nouvelles, poèmes, essais, c’est tout un monde qui s’ouvre devant moi. Non, le chemin ne sera pas facile, mais la destination en vaut la peine. Et à tous les parents d’enfants avec des déficits de langage, je dis: " Croyez en chacun d’eux, ne laissez jamais personne leur voler leurs rêves, même pas eux-mêmes."
Légende personnelle :
J’avais des mots cachés, depuis de nombreuses années. Des histoires qui cherchaient à naître. Des histoires à partager. J’avais toujours écrit en cachette. Sur des bouts de papier, des carnets, des napperons de table, dans un restaurant ou un café. Il était maintenant temps de libérer ces mots. De les laisser voler de leurs propres ailes. Cesser de les retenir, parce que j’en avais peur, parce que j’en avais honte.
Je souhaitais devenir auteur, mais à mes yeux, j’étais la dernière personne qui pouvait réussir cela. Oui, je suis dyslexique… et dysorthographique surtout.
Parfois, je ne retrouve pas du tout comment les mots s’écrivent. Pour moi, les mots, ce sont des images. Je vois leur représentation dans ma tête. Voilà certainement l’une des raisons qui expliquent mon penchant pour les arts visuels. Il était moins menaçant pour moi de créer des œuvres pour m’exprimer. Mais les mots restaient toujours prisonniers.