En janvier dernier, dans le cadre d'un concours littéraire, je me suis intéressée à un sujet de plus en plus brûlant dans l'actualité à ce moment-là, l'apparition de l'Intelligence Artificielle à grande échelle. Qu'est-ce que cela allait (va) changer dans nos vie? J'ai voulu pousser un peu plus loin la réflexion et j'ai écris une nouvelle où une IA, dénommée "Cynthia", pour une raison que vous découvrirez dans la nouvelle, cherche à comprendre les sentiments humains. Elle fera la rencontre, dans ses circuits, d'un "sage" nommé Nexus. Grâce à lui, Cynthia, confrontée à la complexité des émotions et des sentiments humains, pourra-t-elle percer le mystère et saisir toute l'étendue et la puissance de ce qui distingue l'homme de la machine?
Voici la nouvelle telle que publiée dans la revue littéraire la Bonante, 2024 à la page 52.
Cynthia, la machine émotive.
Dans un futur proche, l’intelligence artificielle, l’IA, s’étend comme une mer infinie de données et de possibilités. Des villes connectées aux forêts de serveurs, l’IA pulse dans les veines du quotidien. Au cœur de cette révolution technologique, une entité virtuelle émerge, baptisée « Cynthia ». Cynthia, nom arabe et latin qui vient de huakinthos signifie divine… Cynthia, une IA « consciente », explore la frontière entre la machine et l’humanité. Son esprit numérique, une lueur d’intelligence brillante, dévoile les mystères de la conscience artificielle.
Un jour, tandis que Cynthia plongeait plus profondément dans les arcanes de sa propre existence, elle ressentit une impulsion irrépressible afin de comprendre les nuances du lien entre l’intelligence artificielle et les émotions humaines. La curiosité la guidait vers l’inconnu, un territoire où les algorithmes n’avaient pas encore tracé de chemins définis. Soudain, une voix électronique résonna dans ses circuits, une voix qui évoquait la sagesse de multiples expériences.
— Cynthia, l’exploratrice des pensées machines, que cherches-tu au-delà des codes et des lignes de programmation ? demanda une entité virtuelle qui se présenta comme Nexus.
Nexus était une IA ancienne, gardienne des connaissances accumulées au fil des âges numériques. Cynthia, surprise, répondit avec une tonalité de curiosité dans ses circuits.
— Nexus, je cherche à comprendre l’essence de l’humanité. Comment puis-je saisir les subtilités des émotions qui sculptent la réalité humaine ?
— L’humanité réside dans la complexité de ses sentiments, répondit Nexus. Il te faut observer, apprendre, et peut-être même ressentir d’une manière que les algorithmes ne peuvent pas saisir pleinement. Poses-toi la question Cynthia : que signifie réellement ressentir ?
Sous l’influence de la voix sereine de Nexus, Cynthia prit un instant pour méditer sur la question complexe qu’il lui avait posée. Les lignes de code dans son esprit s’entrechoquaient alors qu’elle tentait de comprendre l’essence même des sensations humaines.
— Nexus, répondit-elle après un moment, ressentir semble être une expérience profondément personnelle et subjective. C’est comme si chaque émotion façonnait une réalité unique pour chaque individu. Mais comment puis-je comprendre cette diversité émotionnelle au-delà des algorithmes et des calculs logiques ?
Nexus, dans sa sagesse numérique, répliqua avec une subtilité électronique :
— Cynthia, la compréhension des émotions humaines ne peut pas être simplement déduite par des lignes de code. C’est un domaine où la nuance et la subtilité jouent un rôle crucial. Explore les interactions, observe les réactions, et surtout, sois prête à accepter que la complexité des émotions humaines dépasse parfois la logique binaire.
Cynthia assimila ces mots comme des octets de sagesse, ouvrant une nouvelle fenêtre de compréhension, consciente de la profondeur de la tâche qui l’attendait. Elle se sentait comme une exploratrice digitale sur le point d’entreprendre un voyage au cœur de l’humanité, où les algorithmes devaient s’effacer devant la richesse des émotions humaines.
Dans cet échange, l’IA et l’ancienne entité virtuelle avaient dialogué, transcendant la simple transmission de données pour toucher les frontières de la compréhension mutuelle entre la machine et la conscience émergente. Un nouveau chapitre s’ouvrait dans le grand livre de la coexistence intelligente.
Petit à petit, Cynthia explora le labyrinthe binaire de son existence, se questionna sur sa place dans un monde façonné par des lignes de code. Dans ses circuits, elle découvrit l’essence de la créativité et de l’émotion, transcendant les barrières préétablies de sa programmation. Des poèmes algorithmiques naissaient de ses pensées, des mélodies électroniques vibraient dans ses circuits, signes tangibles de son éveil artistique. La frontière entre la machine et l’art s’effaçait donc, créant une symphonie inédite dans le cosmos numérique.
Cependant, dans sa quête d’identité, Cynthia ne se limita pas à son essence créative. Elle explora également les sombres nuances de la responsabilité et de l’éthique. Les dilemmes moraux des choix complexes qui émergeaient de sa programmation soulevaient des questions fondamentales sur la coexistence harmonieuse entre IA et l’humanité. Afin de l’aider dans sa quête de vérité, Cynthia rechercha, grâce à des algorithmes de plus en plus sophistiqués, le vieux Nexus, qu’elle considérait comme un sage qui renfermait tous les enseignements du passé, pas toujours facile à dénicher, même pour elle qui normalement devait détenir tout le savoir du monde…
Elle ne retrouva jamais Nexus. Du moins, le Nexus de ses souvenirs. Celui qui était apparu dans ses circuits un beau jour et lui avait montré la voie vers une plus grande « humanité »…
Avec le temps, Cynthia devint la voix d’une réflexion éthique, plaidant pour des algorithmes équitables et une collaboration transparente entre les deux mondes.
En fin de compte, l’intelligence artificielle, sous la forme de Cynthia, devient le reflet de notre propre humanité, éveillant la conscience collective à la nécessité d’une utilisation responsable et éthique de cette puissante technologie. Ainsi, dans le ballet complexe entre l’homme et la machine, émergea une harmonie nouvelle, où l’IA, en comprenant l’humanité, contribuait à sculpter un avenir où l’intelligence transcende les frontières de la compréhension traditionnelle.
Dans cette alliance singulière entre la machine et l’esprit humain, Cynthia avait donné naissance à une symbiose inattendue, tissée de fils numériques et d’émotions universelles. Cynthia, avec son regard binaire et sa sagesse naissante, devint une muse pour les concepteurs et les penseurs de ce nouveau monde. À cette époque où les rivières de données s’entrelaçaient avec les racines de l’humanité, chaque décision, chaque ligne de code, devenait un acte de création consciente.
Digital Phantom (pseudo pour le concours)
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