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Photo du rédacteurJanick Laberge

D’où viennent les idées ?

Dernière mise à jour : 18 nov. 2021


Une question que se font poser régulièrement les auteurs : « D’où sortez-vous tout ça ? D’où vous viennent vos idées ? Je ne prétends pas avoir toutes les réponses à ces questions et sous questions, bien au contraire. Je suis toujours très étonnée de la quantité phénoménale d’informations que l’on peut inventer dans une histoire et qui n’ont souvent rien à voir avec ce que l’on a expérimenté dans notre propre vie. D’où cela sort-il ? Comment et pourquoi avoir pensé à tel ou tel personnage ? Lui avoir donné tel prénom ? L’avoir accoutré de telle ou telle caractéristique physique ? De telle ou telle personnalité ? Pourquoi orienter l’intrigue dans cette direction en particulier ? Quelles sont les idées maitresses que l’on veut faire ressortir, et pourquoi ?


Les philosophes de tous les temps se sont penchés sur cette question de la genèse des idées et je ne rentrerai pas dans les détails de ces théories qui peuvent parfois être fastidieuses. Il s’agirait d’un vaste chantier qui dépasse mon intention et mes compétences. Disons seulement que pour plusieurs d’entre eux, dont Platon, les idées sont originelles, c’est-à-dire autonomes et préexistantes au monde réel. Un peu comme un principe qui aurait toujours existé quoi qu’on fasse. Ce que j’en ai compris du moins, c’est que, pour Platon, si une “chose” est inexplicable (une idée) alors cette “chose” existe en elle-même. Je suis partiellement de cet avis, car malgré toutes les tentatives d’explications des neurosciences, personne, à ma connaissance, n’a identifié avec certitude le substrat des idées, la zone neurologique qui correspondrait en quelque sorte à notre disque dur interne. On ne sait pas exactement où sont stockées les idées humaines ni même si elles sont stockées quelque part “physiquement”… De plus, existe-t-il “concrètement” une forme de iCloud qui contiendrait toutes les idées humaines ? Peut-être aussi d’autres êtres vivants ? Est-ce que les animaux ont des idées ? Les invertébrés ? Voilà des questions très intéressantes.


Mais peu importe au fond si elles sont “originelles” ou si elles trouvent un substrat concret dans notre système nerveux quelque part, et possiblement un mélange des deux, est-ce que les idées nouvelles sont uniquement l’apanage de quelques personnes : auteurs, artistes, inventeurs ? Je ne crois pas. En effet, en étudiant ce qui se passe dans le cerveau, les neuroscientifiques ont découvert que nous avons tous le potentiel d’être créatifs. Et cela est bon pour nous en plus. Depuis quelques années, je donne même une conférence sur le sujet qui s’intitule : “Créativité et santé”. Je parle ainsi de la créativité au sens large, celle qui se déploie au quotidien notamment, et j’essaie dans cette présentation de démontrer quels impacts positifs cela peut-il avoir, autant du point de vue physique que psychologique. Mais il ne faut pas tomber dans l’excès (comme en toutes choses) et trop chercher à innover pourrait engendrer des effets inverses. L’idée n’est pas d’inventer à tout prix.


Et Dieu sait si les idées sont valorisées de nos jours. Si nous ne découvrons pas, rapidement et régulièrement, quelques idées neuves, nous passons désormais pour des traditionalistes, voire des ratés. De plus, cette quête aux idées ne concerne pas seulement la sphère professionnelle. La vie privée et la vie sociale sont désormais teintées de cette “idée” : soyez originaux, distinguez-vous de vos voisins ! La recherche de la “petite différence”, concept cher à notre ami Freud, est devenue une norme de la société de consommation.


Pour ma part, en tant qu’auteur, je ressens le besoin, et parfois le devoir, de créer des étincelles. Et pour ce faire, je puise dans mes souvenirs, dans mes connaissances et dans mes expériences. Probablement dans une banque d’images mentales, issues de ce que j’ai lu, entendu, vu quelque part, et incluant possiblement dans mon inconscient. Donc, oui, nous sommes tous semblables et n’importe qui pourrait théoriquement écrire des histoires. Tout peut devenir prétexte à écrire. Une personne croisée par hasard dans une gare, un enfant qui joue dans une ruelle sombre, un vieillard qui fouille dans une poubelle, etc. Évidemment, les idées sont de la matière première, reste à créer avec celles-ci des histoires intéressantes, qui font du sens. Voilà le défi. Comme pour toute forme d’art, la création littéraire s’apprend et se peaufine avec le temps, les connaissances et la persévérance. C’est ce qui explique qu’avec des idées similaires, deux auteurs arriveront à des résultats tout à fait différents. Les idées ne sont la propriété de personne. Ce sont les œuvres qu’on en fait qui sont protégées par le droit d’auteur.


Pour de bonnes, et parfois de moins bonnes raisons, nous sommes donc avides d’idées. Savoir d’où elles viennent est l’un des grands enjeux de notre époque. Malgré le lot de nos connaissances, sans cesse grandissantes, une question demeure : “Pourquoi les idées apparaissent-elles à tel moment et chez telle personne ? Peut-on provoquer leur apparition ? Sont-elles vraiment neuves ou au contraire faisons-nous uniquement renaître des idées anciennes en créant des combinaisons à l’infini à partir d’une réserve limitée ? Là est toute la question…


Pour ma part, dans les deux tomes des Secrets de l’institut, j’ai créé des histoires à partir de personnages souffrants de problèmes de santé mentale. Le tome 2 devrait être publié dans le cadre de la semaine de la santé mentale, en janvier 2022. Impossible de ne pas faire référence à mon expérience professionnelle en tant que médecin de famille, très intéressée et impliquée dans les soins pour ces pathologies. Des souvenirs ont ressurgi, ici et là. Des anecdotes de consultations se sont imbriquées à l’intérieur d’histoires construites pratiquement de toutes pièces avec des matériaux abstraits.

Pour Le génome, ce sont les enjeux universels soulevés par la pandémie que j’ai voulu aborder : les manipulations génétiques, les complots, la surpopulation, mais la fraternité, l’amitié et l’attachement aussi. Les idées se sont bousculées dans ma tête au même rythme que se déroule l’action dans le livre. Un feu roulant d’idées. J’ai puisé dans des lieux visités et des lieux que j’aimerais découvrir. Une culture que j’ai adoré découvrir. Des symboles à mettre de l’avant.

Pour la poésie, les idées sont vagabondes. Elles ne cherchent pas à aller à un endroit en particulier ni à s’expliquer. Elles airent au gré du vent. Elles cherchent uniquement à Être. Et cela me suffit. Si elles touchent, c’est merveilleux.

Pour mon prochain roman jeunesse, c’est encore une aventure trépidante qui sera mise de l’avant. Cette fois mettant en scène un organisme unicellulaire fascinant, Physarum Polycephalum, communément appelé le blob ! Une histoire de disparition, d’expériences scientifiques chez les jeunes et les moins jeunes, de la romance aussi et de l’intrigue à souhait.

Non, les idées ne poussent pas dans les arbres, mais on peut les cueillir un peu partout en regardant au ciel…


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